Madrigaux italiens

Le madrigal est une forme vocale typiquement italienne. C’est le type de composition le plus ancien de l’Ars Nova (Ballata de Landini à partir du XIVe siècle) qui contient les premiers exemples de polyphonie sur des textes profanes en langue vulgaire. La racine du mot madrigal elle-même renvoie à cette origine populaire (madrigale, madriale, madrialle : maternelle, du peuple). Les thèmes traités dans les madrigaux sont généralement amoureux, méditatifs ou politiques. Sur le plan métrique, le madrigal est formé de deux, trois ou quatre tercets hendécasyllabiques en rimes libres suivi d’un refrain terminal d’un ou deux vers en rimes plates. Sur le plan musical, il est constitué de trois phrases plus une section différente rythmiquement, suivies du refrain.

Vers la fin du XVe siècle, un nouveau mouvement artistique naît à Florence, Venise, Mantoue et Ferrare qui puise dans la musique populaire comme la chanson carnavalesque, la frottola, la villota (pour les sujets amoureux ou satiriques). Les caractéristiques de ce mouvement sont une écriture dialoguée et contrapuntique, influencée par la manière franco flamande et les compositions (quolibet, strambotto, canzone, capitolo) de Josquin des Prés et Loyset Compère à la cour italienne.

Vorria parlare e direte

En 1510, sous l’influence d’Isabelle d’Este, on évolue vers une forme plus libre, les textes en imitation à ceux de Pétrarque, deviennent de meilleure tenue littéraire. Les contrastes sont plus marqués, les ressources du contrepoint imitatif sont plus exploitées et l’écriture de base passe de quatre, à cinq voire à six voix. Avec Arcaldelt et Corteccia, les notes brèves sont aussi utilisées pour des syllabismes, ce qui accélère les pièces. Avec Willaert dans les Musica Nova, c’est l’emploi du chromatisme qui apparaît, marquant ainsi le passage de la Prima Prattica à la Secunda Prattica qui, de nouveau, donne la primauté à la poésie.

Parallèlement au madrigal se développent des formes profanes secondaires (canzonetta, mascherata, todesca, balletto), illustrés brillamment par Vecchi dans l’Amfiparnasso en 1597, qui est une comédie de masques en un prologue et trois actes à cinq voix sur texte dialogué. Banchieri imite Vecchi avec le Festin du jeudi gras (Festino della sera del giovedi grasso, 1608). C’est néanmoins Claudio Monteverdi qui, partant de la Canzonetta, mènera le madrigal à son apogée, jusqu’à le fondre dans une nouvelle forme musicale dont il reste pour l’Histoire, l’inventeur : l’opéra. C’est pour cette raison esthétique et symbolique que le programme fait figurer le Lamento d’Ariana, seul vestige d’un opéra écrit en 1608 à Mantoue pour les noces de François de Gonzague et Marguerite de Savoie : partition dédaignée et détruite par lui après que Monteverdi en ait tiré un ultime madrigal.

Le madrigal italien fut également très pratiqué dans tous les pays d’Europe, parfois avec le terme cancion. Très développé en Angleterre par Byrd, Fairnaby et Benett. Les canzonets et balletti sont également très en vogue grâce au composition de Morley (Canzonets à 3 voix), Weelkes (à 5 voix). En France, son influence est moins nette mais se détecte néanmoins dans la chanson parisienne : les « voix de ville », qui sont à elles seules le sujet d’un autre programme, plus tard ?