Avec D’embruns et d’écume, la Cho-U renoue avec les programmes à thème qui sont l’occasion, à chaque fois, d’investigations dans le Répertoire. Si l’été qui se profile évoque assez naturellement les chants de marins, que leurs provenances variées ne rassemblent que dans leur dynamisme chaloupé, cette route maritime nous fait accoster à d’autres rivages dont la plupart restent peu explorés à ce jour et d’autres, revendiqués comme de nouvelles terres conquises.
Ainsi, la mythologie interrogée réveille les voix de Neptune, ses tritons et, bien sûr, les sirènes, qu’elles cherchent à égarer Arthur de sa quête chez Purcell ou qu’elles accompagnent de leur chants la naissance de Vénus sortant des flots : plus près de nous en peinture comme en musique, l’eau a fasciné pour son mouvement, ses reflets, son infini, tour à tour calme et impétueux. Gabriel Fauré et Lili Boulanger égrènent l’élément liquide personnifié avec virtuosité au piano, tandis que les voix jouent de la profondeur et de la ligne d’horizon. Jeanne Rougier, ex-pianiste de l’opéra de Nancy, évolue avec élégance dans ce répertoire fait pour elle.
Point n’est besoin d’aller jusqu’à l’estuaire du Saint-Laurent pour écouter des chants de baleine. Écrite à l’origine pour deux voix se répondant, Litany for the whale de John Cage s’appuie sur les sonorités des lettres W.H.A.L.E. pour évoquer un temps d’écoute différent, des sonorités de souffle plus que de sons, comme irisées d’embruns. Ambiance de plénitude renforcée par l’accompagnement des bâtons de pluie géants, et par les voix, tour à tour individuelles et démultipliées.