L’âme slave

L’âme slave n’est pas sans évoquer chez beaucoup d’entre nous la profondeur d’une expression liée aux accents d’un langage, tout comme si la rugosité de certains parlers, l’archaïsme des sources populaires des pays de l’est avaient tout naturellement trouvé leur transposition dans la musique savante des compositeurs autochtones.

La richesse musicale du répertoire des musiques des pays de l’est est connue; avant qu’elle ne s’exprime dans le jeu instrumental ou orchestral d’un Bartók, d’un Janáček ou d’un Stravinsky, elle a eu sa vie propre à travers les chants populaires en autant d’idiomes variés que de mosaïque de régions sources d’inspiration musicale des compositeurs. Chanter l’âme slave, c’est d’abord retrouver les sonorités de ces parlers, avec les difficultés que cela comporte : la production chorale de Janáček par exemple est intimement liée aux accents de la langue morave ; l’impossibilité dans ce cas, d’imaginer une version traduite, a beaucoup limité la diffusion de ces œuvres de part l’obstacle de la langue. Donner à écouter la variété de ces langages, c’est ouvrir l’oreille du mélomane à une audition différente de la musique instrumentale de la même veine.

Nepovim, prière orthodoxe, d’Anton Dvořák
Otče náš (Notre Père), de Leoš Janáček

Écouter l’âme slave, c’est plonger dans l’histoire du XIXe siècle, dans une société où le chant choral tient une place importante et joue un rôle fédérateur dans la montée de la conscience nationale. Empreint d’une expression romantique qui puise sa force dans la profondeur de ses racines plus que dans la violence individualiste exacerbée que l’on rencontre chez les compositeurs allemands ou français par exemple, ce chant séduit sans détour car, comme le note Béla Bartók dans son autobiographie, « cette musique nous enseigne… l’élimination rigoureuse de tout ce qui n’est pas essentiel ».

Programme

  • Otče náš et Ave Maria (en tchèque), de Leoš Janáček, pour chœur, harpe et orgue
  • Tibié poièm et Dostoïno iest (en slavon), de Piotr Illitch Tchaikovski, pour chœur a cappella
  • Bogoroditsè diévo radouïsia (en vieux russe), de Serguei Rachmaninov, pour chœur a cappella
  • Près de l’église à Chigisak (en vieux russe et français), d’Igor Stravinski, pour chœur de femmes
  • Nepovim (en vieux tchèque), d’Anton Dvořák, pour chœur a cappella
  • Quatre chants populaires slovaques, de Béla Bartók, pour chœur mixte et piano
  • chants populaires bohémiens, silésiens et slovaques pour voix, violon et harpe